Tagué: Monde paralléle

[Challenge de Calypso, session « cœur»], « Chroniques des Féals, Cœur de Phénix » de Mathieu Gaborit


2003 Éditions J’ai Lu (Fantasy)

Française Langue française – 282 pages

Temps de lecture : 3 jours

Note 3étoilesbon

Synopsis

Qui ne connaît pas la Tour Écarlate ? Ce donjon de pierre rouge qui domine le village de Sédénie, au cœur de l’Empire de Grif’. Ici on ose à peine murmurer son nom… Le mystère et la magie qui entourent ces lieux imposent une crainte respectueuse à la population. Ceux qui vivent à l’intérieur ne se montrent jamais. Au plus fort de l’hiver, lorsque la neige a barré l’unique route menant au delà des montagnes, les anciens content les légendes liées à cette tour couleur de sang. Ils évoquent la vision fugitive de silhouettes encapuchonnées dont le regard étincelle comme des rubis. Ils parlent aussi du vol majestueux de créatures de feu qui prennent leur essor depuis le couronnement de la tour. Mais aucun d’entre eux ne connaît la vérité, aucun d’entre eux ne peut l’imaginer… Qui sont ces sages de la guilde qui sont chargés, depuis l’aube des temps, de garder un terrible secret ? Qui sont les phéniciers ? Pourquoi se cachent-ils derrière les murs de cette tour, adeptes mystérieux consacrant leur vie aux fabuleux Phénix ? Januel est l’un de ces disciples. Son talent remarquable lui vaut d’être choisi pour faire renaître le Phénix de l’empereur de Grif’. Cette Renaissance doit sceller l’alliance de l’empire avec les autres pays. Une guerre se prépare. Leur ennemi : la Charogne, le royaume des morts. Mais un événement inattendu va changer la cérémonie en drame et jeter Januel sur le chemin d’une fantastique aventure…

 

séparateur
Une très bonne mythologie qui mêle adroitement les légendes et leurs incarnations : phénix, griffons, dragons, licornes, sirène…, un personnage central sympathique, quoique pas forcément très attachant, des compagnons de route intéressants mais parfois trop vite sacrifiés sur l’autel de l’action, un parcours initiatique classique pour le genre, des luttes de pouvoirs, un climat politique trouble, des adversaires monstrueux issus d’un monde parallèle, mais une exécution moyenne, une mise en œuvre paresseuse et au final, un premier tome assez mou et longuet. Certains aspects de l’histoire sont convenus, déjà-vu et prévisibles mais l’originalité de la mythologie des Féals sauve l’ensemble de l’ennui.

Mathieu Gaborit possède un style plaisant, le roman est plutôt bien écrit dans l’ensemble si l’on excepte certains flottements narratifs, les nombreuses répétitions (un même mot peut revenir 3 fois dans une seule phrase !), l’abus de descriptions et le fait que celles-ci se ressemblent toutes un peu (j’ai failli faire une indigestion du mot « coudées » !, tant il revient fréquemment!).

Tous les ingrédients fantasy sont réunis pour que cela fonctionne, hélas, la recette manque un peu de saveur, une pincée d’audace , et un soupçon d’inattendu, auraient certainement fait davantage exploser le chaudron magique !

Un ressenti en demi-teinte, donc. Mais je lirai sans doute la suite. Cependant, je n’en ferai pas une priorité, la fin de ce tome ne proposant guère de suspense insoutenable, je ne me jetterai pas sur le tome 2.

« Sur les ailes du cauchemar » de Lisa Tuttle.

1995 Éditions Denoël (Présence du fantastique)

Langue française – 304 pages | Traduit par Nathalie Serval
Temps de lecture 6 jours
Note 4étoiles-trèsbonmais
Synopsis
Une jeune femme jalouse entraîne sa rivale dans une mortelle chevauchée sur les ailes du cauchemar… Une autre voit son présent envahi par les images de ce qu’aurait été sa vie si elle avait fait d’autres choix… Celle-ci joue les fantômes pour des spirites du passé… Celle-là accède à un autre monde où le lézard est l’objet des convoitises féminines et l’attribut du pouvoir des hommes… Quant à Fay, elle collectionne ce que ses amants lui ont laissé d’eux-mêmes pour se construire un compagnon idéal…
En treize nouvelles, un voyage à travers la femme, ses fantasmes, ses regrets, ses désirs. Une randonnée qui prend volontiers les allures d’une vertigineuse descente aux enfers.

 

séparateur

Et oui, vous ne rêvez point ! Lisa Tuttle à les honneurs de mon blog une seconde fois en moins d’un mois mais que voulez-vous: essayer Lisa Tuttle, c’est l’adopter.
À l’origine, je voulais acquérir Les Chambres inquiètes. Hélas, ce recueil n’existe plus qu’en occasion à des prix assez prohibitifs ! Du coup, j’attendrai la sortie poche. En farfouillant sur le net, j’ai alors déniché cet autre recueil de nouvelles traduites en français par Nathalie Serval. Pas moins de treize nouvelles à découvrir ! Une fois encore, l’édition originale est épuisée et ne demeure que des exemplaires d’occasion. Qu’à cela ne tienne ! Le prix est raisonnable, le livre visiblement en bon état. Je clique, j’achète, je paye et j’attends. Impatiemment. Le colis m’arrive quelques jours plus tôt. Le bouquin est en excellent état. Comme neuf.
Me voilà installée dès le soir même sous la lumière bienveillante de ma lampe de chevet, mon paquet de bonbons crocodiles piquants à portée de main (ou de doigts, c’est comme on veut), c’est parti ! Le coeur battant, je tourne la première page…

1 – Sur les ailes du cauchemar (Riding the Nightmare), pages 7 à 35, trad. Nathalie SERVAL
Où s’exprime tout le talent de L. Tuttle pour faire basculer le quotidien le plus banal vers le fantastique le plus cauchemardesque. Avec une fin très ouverte qui offre plusieurs interprétations possibles au lecteur.
2 – Sans regrets (No Regrets), pages 37 à 72, trad. Nathalie SERVAL
Certes, l’idée de base de la nouvelle est bonne et émouvante mais j’ai trouvé sa mise en mots un peu laborieuse. Néanmoins, le traitement qu’en fait Lisa Tuttle ne manque pas d’intérêt ni de profondeur psychologique. Ce que je reproche à ce texte est avant tout son côté « verbeux ». Peu d’action pour beaucoup de longs dialogues.
3 – Affaire de peau (Skin Deep), pages 73 à 97, trad. Nathalie SERVAL
Je suis passée complètement à côté de cette nouvelle. Je n’ai ni compris la démarche de L.Tuttle, ni l’intérêt présenté par ce texte. Je m’interroge encore sur des pans entiers de l’histoire, dont je n’ai pas vu la moindre utilité dans cette nouvelle. Des personnages qui disparaissent au bout de quelques pages, des dialogues qui ne font en rien avancer l’intrigue… Alors, certes, l’ambiance (réussie) est étrange à souhait, mais le tout donne une sensation de « remplissage » de pages, et la fin (trop ouverte à mon goût) est mal amenée, ce qui la rend invraisemblable.
4 – Le Champ de pierres (Where the Stones Grow), pages 99 à 117, trad. Nathalie SERVAL
Tout comme pour Affaire de peau, une nouvelle très faible, et qui ne présente que peu de vraisemblance et d’intérêt. Des menhirs tueurs ? J’aime bien le côté décalé de L. Tuttle mais cela doit rester un minimum crédible tout de même !
5 – Le Cabinet des esprits (The Spirit Cabinet), pages 119 à 135, trad. Nathalie SERVAL
Une bonne idée, une belle ambiance, la jolie plume de L. Tuttle, mais une nouvelle qui m’a un peu laissé sur ma faim, tant j’ai trouvé la fin bâclée. Sur la base de cette histoire et avec son talent, l’auteure aurait pu faire beaucoup mieux ! Quel dommage !
6 – Lézard du désir (Lizard Lust), pages 137 à 159, trad. Nathalie SERVAL
L’une des nouvelles les plus étranges et dérangeantes du recueil. De façon très curieuse, c’est plusieurs jours après l’avoir terminé que je me suis aperçue que j’avais aimé cette nouvelle, et à quel point celle-ci m’avait marquée ! Pendant ma lecture, déstabilisée par le sujet et la construction en « temporalité croisée », où passé et présent s’entrelacent, je restai dubitative…Mais à la relecture, il m’est apparu que cette nouvelle était juste excellente. Un petit bijou d’étrangeté où L. Tuttle met en scène ses propres fantasmes en prenant pour support le thème du monde parallèle. Troublant…
7 – La Colonisation d’Edwin Beal (The Colonization of Edward Beal), pages 161 à 173, trad. Nathalie SERVAL
Une nouvelle mineure dans œuvre de L. Tuttle.
Mais elle est bien écrite et très drôle.
8 – Des maris (Husbands), pages 175 à 191, trad. Nathalie SERVAL
Je n’ai pas tout compris je pense. Cette nouvelle est un peu tordue. Et le thème abordé: la disparition des hommes conduit les femmes à la zoophilie (!), m’a plus déroutée que dérangée. Assez bavarde, les personnages de ce texte se lancent dans de grandes discussions philosophiques ou sociologiques. Je me suis ennuyée.
9 – Le Cœur d’une mère – une Véridique histoire d’ours (A Mother’s Heart : A True Bear Story), pages 193 à 201, trad. Nathalie SERVAL
Un petit conte sympa mais qui souffre d’un manque flagrant de profondeur. Cette nouvelle détonne dans le recueil, où elle apparaît bâclée.
10 – L’Autre chambre (The Other Room), pages 203 à 218, trad. Nathalie SERVAL
Très bonne histoire formidablement écrite, baignant dans une atmosphère gothique et sombre réussie, un peu à la manière de Poe. Je l’ai dévoré.
11 – Un bout de corde (A Piece of Rope), pages 219 à 237, trad. Nathalie SERVAL
Encore une très bonne nouvelle, variation intéressante sur le thème mille fois rebattu de la sorcière. J’ai aimé l’atmosphère quasi onirique et envoûtante de cette histoire.
12 – En pièces détachées (Bits and Pieces), pages 239 à 263, trad. Nathalie SERVAL
Sur un postulat totalement incongru, une femme qui retrouve des parties du corps de ses amants de passage dans son lit, et qui chez tout autre auteur moins talentueux que L. Tuttle paraitrait sans doute complètement ridicule, cette nouvelle nous offre une intrigue passionnante et originale à laquelle on adhère à cent pour cent dès les premiers paragraphes. Très ouverte, cette nouvelle laisse le lecteur libre de son interprétation. D’où viennent ces morceaux de corps ? Sont-ils réels ? Cette femme est-elle folle ? À vous de vous faire votre propre opinion !
13 – Souvenirs du corps (Memories of the Body), pages 265 à 293, trad. Nathalie SERVAL
Excellente nouvelle qui revisite avec maestria un thème archi-usité de la SF, celui du double, du clone, en l’utilisant de manière fort originale.

Verdict global, après six jours de lecture : un recueil de nouvelles dont la qualité est plus ou moins équivalente à celle de Ainsi naissent les fantômes, si l’on tient compte du fait que Sur les ailes du cauchemar comportent davantage de nouvelles. 15 pour 7 dans ANLF. Cependant, j’ai trouvé SLADC moins varié au niveau des thèmes abordés, et les textes moins passionnants, voire hermétiques ou bâclés pour certains.
Toutefois, même dans les textes que je considère comme les plus faibles du recueil, on retrouve toujours la plume, le brio des descriptions, la capacité à créer des situations dérangeantes, et la profondeur psychologique de Lisa Tuttle, qualités qui font qu’aucune nouvelle n’est jamais véritablement « mauvaise ».
Bref, quoiqu’inégal et d’intérêt fluctuant, SLADC comporte tout de même de véritables petits bijoux de fantastique et de SF, parmi lesquels Sur les Ailes du cauchemar, Lézard du désir, L’Autre chambre, Un bout de corde, En pièces détachées, Souvenirs du corps…
Un recueil qui mérite lecture, assurément!

[Book-club de février] « Terrienne » de Jean-Claude Mourlevat

Editions Gallimard (Jeunesse) (2011)

387 pages

Temps de lecture : 2 jours 

Note 4étoiles-trèsbonmais

Synopsis 

Après avoir reçu un étrange message de sa soeur Gabrielle, disparue depuis un an, Anne se lance à sa recherche.
Accompagnée d’un vieil écrivain en mal de création, rencontré sur la route, elle passe alors brusquement de l’autre côté.
Et découvre un monde parallèle, un univers blanc, aseptisé, glacial. Là-bas, les habitants ne respirent pas, ne sourient pas, et les humains sont esclaves. Au milieu d’eux, elle comprend vite que sa soeur est retenue prisonnière, quelque part, et qu’elle est en danger. Anne va tout tenter… jusqu’au péril de sa vie.

 

séparateur

 

Un roman jeunesse trés chouette qui sait éviter la facilité et le piège du « tout qui finit bien ».

J’ai surtout beaucoup aimé l’univers glacé et métallique de l’autre-monde. Les régles strictes qui le régisse en font un monde deshumanisé et anxiogène.

Aprés un début un peu long où l’intrigue peine à se mettre en place, le roman trouve son rythme de croisière et offre pas mal d’acrion. La romance n’est pas omniprésente. Même si elle a de l’importance dans le récit, elle vient pas court-circuiter outre-mesure l’intrigue. Tout m’a paru assez bien dosé.

Le personnage du vieil écrivain désabusé est trés émouvant (cependant, je n’ai pas apprécié l’utilisation qu’en fait l’auteur, je comprends l’intention de JC Mourlevat, et j’approuve son audace, mais je pense que ce beau personnage est bien mal exploité) de même que les autres personnages masculins du roman, notamment les hybrides qui ne parviennent pas à trouver leur place ni dans leur monde mécanique ni dans le monde des humains – j’ai beaucoup aimé ce concept d’hybridation du reste. Il est trés amusant de visiter l’école qui leur apprend à se comporter comme des humains. De façon générale, l’univers et la mythologie en place ne sont pas sans faire penser aux célèbres légendes faës qu’on retrouve dans les romans fantasy mais perçu ici sous un angle plus SF.

Ce n’est pas un coup de coeur car l’héroïne Anne n’est pas forcément trés sympathique ou attachante (je n’ai pas accroché avec son caractère un peu rigide) même si sa quête est juste et prenante, Anne m’a plutôt agacée dans sa façon d’être. La fin traine aussi un peu en longueur mais je suis ravie d’avoir découvert la plume de Mr Mourlevat ! Et il me tarde vtaiment de lire ses autres oeuvres.

 

[Baby-challenge Livraddict Fantasy] « Les Mondes d’Ewilan, 1, La Forêt des captifs » de Pierre Bottero

Editions Rageot (Poche)

Publié en 2007 ~ Langue : Française ~ 316 pages

Temps de lecture : un jour et demi

Note  Trés bon mais…

Synopsis 

Dans le premier tome de cette nouvelle trilogie, Ewilan a gagné en maturité. Après avoir été retenue prisonnière de l’Institution, un bâtiment dans lequel des chercheurs dévoyés testent les facultés extrasensorielles de cobayes humains dans un but de domination totale, et torturée par la Sentinelle félonne Eléa Ril’ Morienval, qui en a pris la tête, Ewilan parvient à s’échapper grâce à l’aide de ses amis. Ayant récupéré avec difficulté ses forces physiques et mentales, elle part secourir les enfants demeurés prisonniers et aide à faire la lumière sur les affreux crimes commis par un étrange tueur en série, mi-homme, mi-insecte.

******************************************************************

J’ai  vraiment passé un très bon moment avec ce livre.

On ne s’ennuie pas une seconde. L’action est quasi non-stop.  Les personnages sont attachants.  Salin en tête. D’autant que dans la première partie du roman, c’est lui tient le haut de l’affiche. Et nous avons en plus le plaisir de retrouver Ellana et Edwin et, avec eux, certains de nos Alaviriens préférés.

 A mi-chemin entre réalité et fantastique, l’intrigue tient la route et dégage une certaine noirceur, une sorte de constat désenchanté sur notre société occidentale à laquelle Pierre Bottero ne nous avait pas forcément habitués.

Il y a des moments de tension, de suspense, pas mal d’action et d’humour dans ce premier tome réussi. La fin est peut-être un brin trop facile mais ce volet est une mise en bouche.

En fait, le seul hic, c’est que n’ayant pas encore lu les deux derniers tomes de La Quête d’Ewilan du même auteur, j’étais parfois un peu perdue lorsque Pierre Bottero évoque des faits, des événements et des personnages qui me sont inconnus à ce jour. 

Bref, comme d’habitude Mr. Bottero parvient sans mal et avec son talent immense à nous faire rêver et voyager…